« Entre la réalité de terrain et le code de l’éducation : trouver sa juste place »
Il y a déjà plus d’une semaine, j’ai fêté un drôle d’anniversaire le 19 avril. Une drôle de date pour moi, une date qui marque un tournant dans la vie. Il y a un an, j’étais en vacances avec ma famille. Et nous avions décidé de profiter d’une belle journée pour faire une ballade en vélo, jusqu’à une magnifique plage, près de chez nous.
Je suis allée me baigner avec mes filles. Quand tout à coup, j’ai ressenti comme une énorme décharge électrique très puissante dans l’eau, au niveau de mon pied gauche, un moment surréaliste. Je suis sortie de l’eau pour me rincer le pied, et regarder cela de plus près. Mon pied présentait une sorte d’ampoule à l’endroit de la piqure sans réel autre signe immédiat.
Les minutes passaient et je sentais de moins en moins mon pied.
Heureusement, mon conjoint était là. Immédiatement, il a mis sa casquette professionnelle, appelé le SAMU et une ambulance est arrivée pour me conduire aux urgences.
Je ne sentais plus ma jambe. J’ai été installée en « salle de déchoc » et la paralysie a touché l’autre jambe, le tronc, les bras, la bouche…Le pied piqué était très chaud, gonflé, sans autre signe que la paralysie. Le tout était de savoir par quoi je m’étais faite piquer. La piqûre par une raie aurait laissé apparaître un traumatisme avec un œdème et davantage de crampes musculaires. Ce n’était pas cela. La piqure par un poisson pierre aurait entrainé un point de nécrose.Cela ne se voyait pas sur moi.
Le milieu marin est tellement vaste que toutes les espèces ne sont pas encore répertoriées. Il est difficile de trouver un antidote sans connaitre l’origine de la piqûre.
Le corps médical évoque la piqure d’un cône marin.
Je suis restée là plusieurs heures sous haute surveillance. Il était simplement question de savoir si mon cœur supporterait cette décharge de venin et de toxine.
Parrallèlement, avec le cœur qui bat la chamade, je me suis mise à me poser beaucoup des questions.
Est-ce que la fonction de CPE est elle faite pour moi ? Est-ce que ce rythme de vie me convient ? Que penser de mes relations professionnelles ? Ce que l’on attend de moi est-il en adéquation avec mes valeurs ?
A toutes ces questions se sont ajoutés, la surprise de me voir refuser la reconnaissance de mes centres d’intérêts moraux et matériels en Polynésie française et le constat que l’Education nationale m’a rattaché arbitrairement à une académie métropolitaine trois mois avant la fin de mon contrat, d’abord Lille, puis Strasbourg… alors que mon académie d’origine était Nantes, si vraiment on veut le voir !
Il me faut organiser un retour en métropole dans les deux mois pour être sur place le jour de la rentrée scolaire.
Difficile dans ces conditions d’envisager un déménagement à 18 000 kms, de quitter notre environnement, de mettre en location notre maison, de faire un choix pour nos animaux (2 chiens, 3 chats…) et de se poser la question du travail de mon conjoint, qui, en contrepartie de la formation dont il a pu bénéficier, est sous obligation de servir le territoire pendant 5 ans.
Est-ce-que nous devons quitter la Polynésie et pour cela rembourser le coût de la formation ? Est-ce que je dois me séparer et devenir un de ces nombreux cas de célibataires géographiques pour servir l’Éducation Nationale ? Et mes filles, je les emmène avec moi ou je les laisse avec leur père et leurs grands-parents ?
A chacune de ces questions, je réponds NON, ce n’est pas mon choix, ce n’est pas ce que je veux.
J’ai retrouvé la sensibilité au niveau de mon visage, bras, tronc, et une de mes jambes dans la soirée.Par la contre, la jambe piquée a mis plusieurs jours à s’en remettre. Contre toute attente c’est au niveau psychologique que cela a été le plus long*.
Deux mois plus tard, c’était la fin de mon contrat. Il fallait me réinventer. Et quoi de mieux que d’être soi-même et de redéfinir l’orientation de ma vie professionnelle pour une nouvelle vie.
Après un parcours universitaire dans le milieu de l’éducation, et de l’ingénierie de la formation (que vous trouverez ici : https://emelineleplain.fr/recherche/ ), j’ai décidé de créer mon entreprise, mon agence. Une agence en ligne ; où on peut pousser la porte comme dans un bureau pour se confier sur sa situation professionnelle ou personnelle. Que l’on travaille à l’Éducation Nationale ou non, que l’on soit parents ou non.
Et le 9 septembre 2019, l’agence naissait– 5 mois après cet accident et cette remise en question – avec pour seul but de « Vous accompagner pour davantage de sérénité ».
Dans le prochain article, je vous dirais CONCRETEMENT comment je travaille ? Avec quels outils ? Sur quels projets, j’ai pu être sollicitée ? Sur quelles valeurs je m’appuie ? Quelle est ma plus-value ? Quelle est la différence avec le métier de psychologue ?
A très bientôt,
*Ce traumatisme a entrainé un stress post-traumatique traité par une psychanalyste en EMDR sur Papeete. Si vous cherchez ce type d’intervention, n’hésitez pas à m’envoyer un mail afin que je vous donne son contact.