
Les vacances sont passées à toute vitesse. La semaine prochaine, en Polynésie française, c’est la rentrée scolaire. L’occasion pour nous de dresser un bilan concernant l’instruction en famille (IEF) que nous avons pratiqué l’année dernière (2019-2020). Nous avons déscolarisé Hanalei, deux semaines après sa rentrée scolaire en classe de CP, suite à ce que nous avons estimé être un défaut de surveillance de la part de l’école à l’encontre de notre fille.
Ce n’était pas du tout prévu au programme de notre vie de famille. Et pourtant les circonstances nous ont amenés à envisager l’instruction en famille (IEF). Dans cet article, je voulais revenir sur ce que c’est, ce qui existe, nos démarches, nos obligations, dans le seul but de partager notre expérience et peut être de vous aider.

Il faut savoir que même si vous retirez votre enfant de l’école, il demeure sous obligation d’instruction. Il faut par conséquent trouver un moyen de lui livrer cette instruction.
Pour cela, deux possibilités s’offrent à vous : le CNED ou en Famille
La première consiste à re-scolariser votre enfant, par le biais du Centre national d’enseignement à distance – CNED (www.cned.fr). Votre enfant est considéré comme scolarisé. Il est inscrit dans une classe virtuelle avec tout ce que cela implique, comme corrections, suivis et avis des professeurs, évaluations et délivrance de bulletins scolaires ainsi que l’avis de passage dans la classe supérieure au vu des résultats scolaires.
Tout le monde peut y prétendre. Cependant en fonction du motif invoqué pour déscolariser votre enfant du système classique, votre enfant accédera aux cours du CNED de façon gratuite ou payante.
L’accès gratuit est soumis à condition soit une « inscription réglementée » Cette formule est accordée par les services de la DASEN, en métropole, et la DGEE en Polynésie française pour les enfants ayant des motifs de contraintes.
En Polynésie française, conformément à l’article 2 de la loi de pays n°2017-15 du 13 juillet 2017 relative à la charte de l’éducation, ces motifs de contraintes sont liés soit : – à l’exigence de soins médicaux
– à une situation de handicap en attente de scolarisation dans un établissement médico-social
– à des activités sportives ou culturelles non compatibles avec un emploi du temps scolaire,
– à une contrainte géographique lorsque l’enfant habite avec des parents itinérants, ou éloignés d’un établissement scolaire par exemple.
Ces motifs entrainent la gratuité de la prise en charge de cet enseignement.
Si la raison évoquée pour déscolariser votre enfant du système classique ne répond pas à l’un de ces critères, vous pouvez l’inscrire dans la même formation sous le statut d’« inscription libre ». Il n’existe aucune différence dans le contenu pédagogique mais le coût de la scolarité de votre enfant sera à votre charge.
A titre d’information, pour Hanalei, l’année de Ce1 est au prix de 780 euros, soit 93 077 FCP
.
La seconde possibilité, c’est l’instruction en famille.
Nous avons fait le choix l’année dernière et pour cette année également de ne pas scolariser Hanalei par le CNED. Nous sommes donc responsables de son instruction et par conséquent, elle est considérée comme déscolarisée.
Si vous choisissez de faire l’instruction en famille, vous devez alors faire parvenir un courrier détaillé à la DGEE en Polynésie française, ou à la Direction Académique des services de l’Éducation nationale (DASEN) si vous ètes en métropole indiquant les raisons de votre choix.
Le courrier doit indiquer le nom, prénom de l’enfant, sa date de naissance, son niveau scolaire, l’adresse postale, géographique et les coordonnées téléphoniques. Il faut donc faire une déclaration avant chaque rentrée scolaire. Une copie de cette déclaration doit également être adressée au maire de la commune.Un certificat d’instruction vous sera remis. Au cours de l’année, votre enfant bénéficiera d’une visite de l’inspecteur de circonscription accompagné ou non d’un.e conseiller.e pédagogique, une à plusieurs fois dans l’année.
Vous pouvez également faire l’objet d’une enquête sociale afin de recueillir des renseignements sur les conditions de vies de votre enfant.
Je vous ai glissé en bas de page, un exemple de courrier.

Notre expérience.
Une fois la décision prise de la retirer de l’école, nous avons rencontré la directrice de l’école, nous avons fait notre courrier, et récupérer notre exeat… Et le néant !
Par où commencer, quoi faire, est-ce que l’on va y arriver ? Nous n’avons rien fait de très original, nous avons suivi le programme commencé par l’école. Ils s’appuyaient sur le manuel Taoki, nous l’avons donc acheté, le support pédagogique, avec les cahiers d’exercices. Concernant les mathématiques, nous avons repris le support de notre ainé pour qui cela avait très bien marché « … » et cela a été le cas.
Pour la découverte du monde, nous nous sommes laissés guidés par nos envies et surtout dès que Hanalei avait une question on allait chercher la réponse. Et on apprend plein de choses, guidé par ses questions : Pourquoi un coussin de requin s’appelle un coussin de requin ? Comment créer une éruption volcanique avec des produits ménagers (vinaigre et bicarbonate de soude) ? D’où vient la guêpe jaune de Tahiti (…) à partir d’un nid abandonné qu’elle a trouvé dans le jardin ? Comment se nourrissent les chatons ? Nous sommes partis du concret. En sport, elle a pratiqué la natation avec un maitre-nageur diplômé d’Etat qui a pu lui fournir un certificat comme ceux délivré à l’école puisqu’il y intervient également.
En fin d’année, j’ai cherché à joindre la circonscription pour faire évaluer Hanalei, et à ma plus grande surprise, elle n’était pas dans leurs bases de données.
La directrice de l’école n’a jamais fait remonter mon acte de déscolarisation, ils n’ont pas reçu mes mails… le dossier d’Hanalei s’est perdu dans les méandres de l’administration.
Nous avons du coup tout remis à jour si un jour Hanalei souhaite retourner à l’école. Elle a passé les évaluations avec de bons résultats. J’ai surtout pu partager mon ressenti, mon expérience avec la conseillère pédagogique, très à l’écoute.
Je pense que personne n’est dupe quant aux difficultés du terrain, chaque enfant est différent et l’école ne convient pas à tous. Ma grande de 12 ans adore son collège, et ma petite a eu un historique compliqué à l’école dès la petite section. Pour cela nous avons fait des choix qui correspondent à la situation de l’instant T. Cela ne veut pas dire que nous sommes pro-IEF ou anti-école mais nous choisissons seulement ce qui correspond au mieux à nos enfants. En espérant que vous avez trouvé pour vous et vos enfants la meilleure des solutions.
Nous continuons l’aventure de l’IEF pour l’année scolaire 2020-2021, pour le CE1, et voici un petit aperçu des nouveaux manuels et albums que nous avons choisi pour cette année.

Bonjour, pensez-vous que l’instruction en famille soit aussi remise en question dans les territoires d’outre mer où la legislation peut varier ?
Je pose cette question car je suis en métropole, j’ai auparavent habité à wallis et futuna et je songe à m’expatrier à nous pour permettre d’offrir l’ief à ma fille.
Bonjour Nina,
Pour répondre à votre question, je pense que chacune des collectivités d’outre-mer tel que Wallis et Futuna, la Polynésie française… vont devoir prendre position si le texte est approuvé en métropole par chacune des institutions, comme cela est le cas sur chaque question votée en métropole.
Cependant, le traitement de la question peut prendre quelques années 😉
Et étant donné les particularités du système en Polynésie française, ils n’ont pas d’intérêt à supprimer l’IEF. Pour autant, j’ignore la situation de Wallis et Futuna. Je pense qu’il faut laisser du temps au temps, suivre également les motifs de dérogations annoncés si cela passe, peut-être que vous trouverez un moyen moins radical pour conserver votre droit à l’ief.
Sauf si votre projet de vie familial, est de vivre autrement et ailleurs, et dans ce cas l’ief ne devient qu’un argument de plus pour changer de vie 😉
Bien à vous,
Emeline,
Bonjour,
Est ce qu’il y a un réseau actif de familles instruisant en famille, pour les sorties etc… ?
Bonjour,
Suite à votre commentaire sur mon site, je vous informe que je ne connais pas d’association d’IEF pour Moorea – on se connait de par notre réseau sur Moorea et beaucoup de familles ne sont pas déclarées.
Sur Tahiti, vous avez la page facebook de » parent autrement à Tahiti » avec qui je pense vous pourrez avoir des contacts, de tahiti ou moorea, je pense !
En espérant avoir répondu à votre question,
Restant à votre disposition,
Bonjour, merci pour votre partage.
J’aurais voulu savoir si votre enfant a pu lire facilement les mots à la minute. Et est-elle lectrice?
Bonjour,
Merci pour toutes les infos que vous donnez.
Es -ce que les articles cités ds l’exemple de courrier sont tjs valables pr la rentrée de sept 2021 à tahiti ?
Merci bcp
Oui, pour la rentrée 2021, il suffit de vous déclarer aux autorités compétentes, mairie, DGEE et un double à la circonscription pédagogique de votre commune est appréciée. Bonne journée,
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